Arrêt sur images 14 avril : LANCEURS D'ALERTE : LE CONSEIL D'ETAT PRÉFÈRE UNE BOÎTE AUX LETTRES À UNE AGENCE

Publié le par Jean-Luc Touly

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Le lanceur d’alerte privé d'agence ? Alors que le ministre des finances Michel Sapin a annoncé la semaine dernière la création d’une agence anti­corruption qui prendrait sous son aile les lanceurs d’alerte, le Conseil d’Etat a rendu public hier un rapport comprenant quinze propositions pour protéger ces citoyens témoins de graves manquements à la loi. Surprise : ce rapport écarte l’idée de création d’une autorité indépendante. Alors, agence ou pas agence ? Les lanceurs d’alerte interrogés par @si restent dubitatifs sur la capacité des institutions à les protéger.

Cette loi envisage la création d’une grande agence anticorruption qui "remplacera le Service central de prévention de la corruption crée en 1993 (qui n'avait pas de pouvoir d'enquête) et qui sera placée sous l'autorité conjointe des ministres des Finances et de la Justice."

"la nouvelle agence pourra défendre les lanceurs d'alerte contre des représailles, anonymiser leur signalement et prendre à sa charge leurs frais de justice s'ils doivent se défendre contre des attaques ou sanctions injustifiées"

Si Gibaud (UBS) se réjouit que la cause des lanceurs d’alerte avance sans se prononcer sur l’opportunité d’une agence ou non, de son côté Daniel Ibanez semble dubitatif sur la mise en place d’un portail qui ventile les alertes vers des structures existantes : "faisons d’abord fonctionner correctement ces autorités et notamment la Haute autorité pour la transparence de la vie publique" estime Ibanez. Ce simple citoyen, qui dénonce le projet de TGV Lyon­Turin comme il le racontait sur notre plateau, a découvert que certains parlementaires ont été liés au conseil d'administration de l'Institut de la Gestion Déléguée – un centre de lobbying pour les partenariats public/privé très pro­TGV Lyon­Turin

Ibanez n’est pas le seul à ne pas vraiment croire en nos institutions. Sollicité par @si, Jean­Luc Touly, lanceur d’alerte sur les marchés publics de l’eau également reçu sur notre plateau et président de l’association anti­corruption FRICC, avoue sans fard accorder davantage sa confiance à la presse. Ou plus précisément aux journalistes d’investigation : "pour sortir une affaire, mieux vaut passer par eux. Ils vont creuser, recouper les sources, faire tout le travail que nous ne pouvons pas faire. Rien ne vaut Elise Lucet ou des sites comme Mediapart ou Arrêt sur images pour dénoncer les manquements à la loi. Aux associations comme Friic ou Anticor de porter ensuite ces affaires devant les tribunaux". Autrement dit : on n'est jamais mieux servi que par soi­-même.

Par Anne­ Sophie Jacques le 14 avril 2016

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