Soupçons de corruption chez Veolia: plusieurs plaintes déposées

Publié le par Jean-Luc Touly

AFP

Deux plaintes visant les dirigeants de Veolia, notamment pour abus de biens sociaux et corruption, ont été déposées lundi après la découverte que deux hauts cadres étaient devenus actionnaires d'une société ayant obtenu un important contrat du groupe, a annoncé mardi l'avocate Eva Joly.
Ces plaintes, déposées devant le tribunal de grande instance de Nanterre, émanent d'une part du syndicat FO Veolia Ile-de-France, d'autre part de l'association de lutte contre la corruption Anticor et de la fondation France Libertés, créée par Danielle Mitterrand, a précisé lors d'une conférence de presse l'ancienne juge et eurodéputée.
Elles interviennent après la révélation en novembre par le site internet Mediapart que deux hauts cadres de la branche Eau du groupe étaient devenus en 2015 actionnaires d'une petite société luxembourgeoise, Olky Payment Service Provider, qui avait signé l'année précédente un contrat de plusieurs millions d'euros avec Veolia pour la gestion d'une partie de sa facturation. 
Comme annoncé fin novembre, Veolia a de son côté déposé plainte contre X début décembre devant le parquet national financier pour des faits susceptibles de "corruption active et passive de personnes n'exerçant pas une fonction publique", a précisé à l'AFP un porte-parole de Veolia.
Pour FO, il s'agit "d'abord de défendre les intérêts des salariés" alors que trois plans de départs volontaires (PDV) ont été lancés en quatre ans dans la branche Eau France, a expliqué son représentant, Jean-Luc Touly. Le dernier plan, qui se terminera fin mai, prévoit 429 suppressions nettes de postes. 
"Ce dossier dit beaucoup sur l'usage des paradis fiscaux (...) sur une culture de l'impunité et de la corruption", a souligné le vice-président d'Anticor, Eric Alt, en observant que, "derrière, il y a une entreprise délégataire de service public".
Pour France Libertés, qui défend "l'eau, bien commun de l'humanité", Pierre Serne s'est interrogé sur un système d'"écran dans la facturation" risquant de compliquer le travail de la justice dans des cas de recours contre des coupures d'eau abusives.
- Pacte d'actionnaires -
Les deux responsables en question, Philippe Malterre, numéro deux de la branche Eau France, et Jean-Philippe Franchi, cadre de cette même branche et beau-frère de son directeur général, font l'objet d'une procédure de licenciement, avait indiqué Veolia fin novembre. Quant au directeur général, Alain Franchi, il quittera le groupe à la fin de l'année.
Veolia avait aussi annoncé le lancement d'un "audit interne portant sur l'opération incriminée, et plus largement sur toutes les sociétés d'expertise de Veolia Eau France".
Jean-Philippe Franchi avait souscrit à l'augmentation de capital d'Olky Payment Service Provider via une société qu'il dirige, enregistrée à Neuchâtel, en Suisse, et Philippe Malterre grâce à un mécanisme plus complexe, avait détaillé Mediapart.
L'objectif était de revendre rapidement cette société qui, jusqu'à la signature du contrat avec Veolia, n'avait "quasiment pas de clients, ni de références", a expliqué Eva Joly, en soulignant que la facturation de Veolia était auparavant gérée par BNP Paribas. Un "pacte d'actionnaires" avait fixé le prix à 200 millions d'euros et Veolia avait signé "une lettre d'intention", a-t-elle ajouté.
"On ne peut pas imaginer que le PDG de Veolia (Antoine Frérot) n'ait pas été au courant de cette histoire", a dit Jean-Luc Touly. 
FO avait déjà porté plainte dans un dossier de trafic d'influence impliquant la filiale roumaine de Veolia, classée sans suite. Mais le parquet financier l'a informé début novembre que le dossier était transmis à l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, a assuré le représentant syndical.

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